Tsilla Chelton, de Ionesco à Tatie Danielle

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Par Armelle Heliot Mis à jour le 16/07/2012 à 18:22 | publié le 16/07/2012 à 17:10Réagir

Tsilla CHELTON. (photo by Pascal Victor/ArtComArt)Crédits photo : Pascal Victor/ArtComArt

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Tsilla Chelton est décédée à 94 ans. Réputée pour son rôle dans le film de Chatiliez, elle avait également été récompensée en 1994 par le molière de la comédienne pour Les Chaises de Ionesco.

«Pourquoi est-on si heureux, en scène? Parce que “je” n'est pas là. Il ne vous dérange pas.» Ainsi disait Tsilla Chelton, née le 21 juin 1919, qui s'est éteinte, lundi, à Bruxelles, la ville de son enfance. Elle avait 93 ans. Elle disparaît un an tout juste après son mari, le décorateur Jacques Noël. Trois de leurs quatre enfants sont comédiens: Philippe, Serge, Nani et leur fille Catherine est une ancienne danseuse. On était très heureux, en 1990, lorsque le film d'Étienne Chatiliez, Tatie Danielle, avait fait de Tsilla, qui avait déjà plus de soixante-dix ans, une vedette populaire. La gifle que lui administrait Isabelle Nanty est entrée dans l'histoire du cinéma!

Elle avait eu, avant, une grande carrière au théâtre, avec Ionesco et Anouilh notamment et, après Chatiliez, elle allait longtemps continuer et sur plusieurs fronts: télévision, cinéma, théâtre.

Professeur de la bande du Splendid

C'est aussi parce qu'elle avait été le professeur d'art dramatique de toute une génération, qui a aujourd'hui 60 ans, qu'elle était connue. Tsilla Chelton avait, en effet, été le professeur de Thierry Lhermitte et de la bande du Splendid. Et tous lui vouaient une admiration sans défaut et l'affectionnaient profondément.
Tsilla Chelton, qui avait été une femme grande, était devenue petite et frêle avec le temps. Elle avait un merveilleux regard, doux, tendre, simple. Très bleu, toujours. Son très beau prénom, c'est sa maman qui le lui avait donné. Elle l'avait trouvé dans Victor Hugo. Et cette douce maman était morte lorsque Tsilla et sa sœur étaient encore très petites.

Leur père, un homme d'affaires passionné par l'hindouisme, les avait inscrites dans l'école Montessori de Bruxelles. Là, elles côtoient philosophes et autres érudits. On fait du théâtre en amateur, on reçoit une éducation soignée. Mais sévère. Très austère à la maison. Les deux sœurs sont souvent seules. Le grenier est plein de livres. Tsilla lit tout ce qu'elle trouve.

Un tempérament artiste

C'est de sa mère qu'elle pensait avoir «hérité un tempérament artiste». Elle se souvenait comme d'un cauchemar de la première scène qu'elle ait passée dans un cours mais le hasard l'avait fait débuter dans les Mimodrames de Marcel Marceau.

Ensuite, elle avait écrit un spectacle accepté par Agnès Capri et par Léo Noël, à l'Écluse. «Au fond, j'ai fait le premier one-woman-show!», disait-elle en riant.
C'est ce premier spectacle, qu'elle a écrit, qui va décider de sa rencontre avec Ionesco. Parmi les personnages qu'elle campe, il y a la fameuse chaisière de Saint-Étienne. C'est déjà le théâtre de l'absurde. Et Eugène Ionesco a trouvé son personnage de la vieille, dans Les Chaises. Tsilla Chelton ne jouera pas moins de dix pièces de Ionesco, dont une remarquable reprise des Chaises justement, après Tatie Danielle.

Audiberti, Adamov, Anouilh, Tardieu, Da Costa, elle avait défendu de nombreux auteurs contemporains. Longtemps, elle avait rêvé de jouer Athalie et, plus tard, Harold et Maude.

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Par Armelle Heliot

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