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28 août 2012

Agnès Jaoui, la douceur de vivre

 

PARIS MATCH

 

Agnès Jaoui, la douceur de vivre

Agnès Jaoui avec Denis Podalydès | Photo DR

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Paru dans Match

A l’affiche du film « Du vent dans mes mollets », une ­drôlissime fable sur l’enfance, l’actrice est épatante dans le rôle d’une mère envahissante. A 47 ans, sereine et détendue, elle nous parle sans complexe de sa famille,
ses amours et ses envies.

<b>Paris Match. Dans “Du vent dans mes mollets”, vous incarnez une mère séfarade obsédée par la nourriture et l’éducation de sa fille, au point d’en négliger son couple. La transformation physique ne vous a pas effrayée ?
Agnès Jaoui. Disons qu’au moment des essayages costumes et coiffure j’ai eu des petits instants de découragement. Et puis, quand il a fallu tourner, je me suis dit : “On ne peut pas s’accrocher toute sa vie à une image.” C’est douloureux pour toutes les femmes de se voir grossir, vieillir, changer, d’autant plus pour une actrice car le public peut être dur. Mais c’était le sujet même du film, donc il fallait jouer le jeu à fond et faire confiance au rôle. Une fois l’idée ­acceptée, c’était peinard, parce que, justement, je pouvais arriver fatiguée au maquillage. Au final, ça a été libérateur.

Le film parle de la difficulté d’être un bon parent et des casseroles que l’on transmet à ses enfants, souvent inconsciemment. Ce sont des questions que vous vous êtes posées en devenant mère de deux petits d’origine brésilienne ?
Evidemment. Pourtant, concernant la différence de traitement entre garçon et fille, je réalise que je fais avec mes enfants ce que ma mère faisait avec mon frère et moi et que je détestais. Là, je me dis : “Il y a un truc que je n’ai pas réglé.” A côté de ça, je suis plus sévère et je mets davantage de limites que ne le faisaient mes parents, par réaction…

La psychanalyse tient une place importante dans le film et dans votre vie, puisque votre mère la ­pratiquait. Croyez-vous en ses bienfaits ?
Ce n’est pas un remède miracle, c’est un long travail que je considère pratiquement comme une gymnastique personnelle. En tout cas, s’il y a un mode de thérapie qui est particulièrement efficace, voire magique, avec les petits, c’est celui-là. J’ai vu des résultats stupéfiants, comme si les cartes étaient redistribuées et que la vie circulait à nouveau dans une famille alors que tout semblait perdu.

Pourquoi avoir décidé d’adopter des enfants déjà grands ? C’est un choix qui n’est pas anodin…
L’adoption est un long parcours au cours duquel on doit faire plusieurs deuils… Je n’ai pas choisi d’adopter des enfants grands, je voulais des enfants. Et, au fur et à mesure, on se rend compte que c’est encore plus long et plus compliqué d’en avoir des petits… Donc, j’ai fini par prendre cette décision, car j’avais déjà attendu huit ans. Mais, contrairement aux propos décourageants que j’ai pu entendre ici ou là, je tiens à dire que c’est une expérience extraordinaire. Je ne prétends pas que c’est tout le temps rose et merveilleux, mais ce n’est pas si difficile.

Aujourd’hui, ils sont âgés de 9 et 11 ans, à peu de chose près l’âge de l’héroïne de “Du vent dans mes mollets”. Leur avez-vous montré le film ?
Bien sûr, ils l’ont vu deux fois ! Ils m’ont posé des questions sur la fin, mais un peu comme les grands… De toute façon, ils ont tout de suite été confrontés à mon métier. Quand on a débarqué du Brésil avec eux, il y avait un festival de cinéma à Cotignac qui projetait “Parlez-moi de la pluie” en extérieur. On est descendus de l’avion et pouf ! En me voyant à l’écran, ils ont fait : “Oh !” et m’ont demandé en brésilien si j’étais un personnage gentil ou méchant. J’étais hyper-embêtée pour leur répondre. [Rires.] Ils ont aussi vu Jean-Pierre dans “Didier” sur TV5, donc ça a vite fait partie de leur vie. A vrai dire, tout était tellement bizarre pour eux qu’ils ont accepté tout le package.

Sur la question du couple, le constat du film est assez implacable. Pensez-vous qu’il y a une date de péremption inévitable ?
Il n’y a pas de loi. Je pense que l’amour peut durer, mais que ce n’est pas forcément un échec si l’histoire se termine. Surtout quand les gens continuent à s’aimer d’une certaine façon. Je me souviens de ma maman qui, lorsqu’elle avait divorcé, m’avait dit : “C’est quand même un échec.” J’étais ado, mais il y avait une part de moi qui n’avait pas été d’accord et qui ne l’est toujours pas. J’estime qu’une séparation peut être un choix.
Je connais des couples qui sont ensemble depuis ­quarante ans mais ne sont pas heureux. Ils vont peut-être gagner le pompon de la longévité ou le hochet d’or, mais à quoi bon ? J’aime beaucoup l’expression italienne
“Ti voglio bene” qui veut dire “Je te veux du bien”, parce qu’il y a des gens qui disent vous aimer mais à qui vous avez envie de répondre : “Aime-moi moins mais aime-moi mieux.” Le plus beau dans l’amour, ça devrait être l’amitié.

C’est le cas avec Jean-Pierre Bacri au côté de qui vous continuez d’écrire malgré votre séparation. Vous n’avez jamais songé à faire cavalier seul ?
Non, on a toujours fait la part des choses. J’aime écrire avec Jean-Pierre, j’aime voir Jean-Pierre. Je pense que ce qu’on fait à deux est mieux que ce que je ferais seule. Enfin, ce serait différent, mais je ne suis pas lasse de continuer à explorer l’écriture avec lui. Au contraire.

Il était présent à la projection de presse du film. Quelle a été sa réaction ?
Il m’a dit qu’il avait pleuré comme une fontaine, qu’il était ravi et m’avait trouvée super. Il a beaucoup aimé.

Après, entre autres, six César et un Molière, avez-vous le sentiment d’avoir encore des choses à prouver ?
Dans l’écriture et quand je réalise, je me remets sans cesse en question. Je me dis souvent : “Ça, on l’a déjà fait, ça, comment le faire différemment ? Est-ce que je suis toujours capable de transmettre quelque chose ?” Quand on a commencé avec Jean-Pierre, notre moteur, c’était beaucoup la colère et l’énervement, et j’avais plus de certitudes sur ce qui était bien ou mal. Aujourd’hui, je suis plus tolérante, ce qui est sûrement mieux, mais, du coup, il est plus difficile de trouver un moteur.

“Le plus beau dans l’amour, ça devrait être l’amitié. Ce n’est pas forcément un échec si une histoire se termine”

Qu’est-ce qui vous anime alors ?
L’envie qui demeure, c’est de présenter des schémas différents de ceux qu’on voit depuis toujours au cinéma, à la télévision ou dans la littérature. Je crois beaucoup en l’influence de l’image. Une influence plus grande que tous les discours et qui peut être très bénéfique tout autant que nuisible et pernicieuse… Lorsqu’on voit, par exemple, combien la plupart des femmes se détestent parce qu’elles sont assenées d’images d’une perfection irréelle… Je continue à penser qu’il est important de montrer des alternatives à ces modèles de femmes, d’amours ou de parcours. Pour que les gens différents se sentent moins seuls… Quand je lis certains livres, que je vois certains films ou que j’écoute certaines musiques, je suis réconfortée par l’expérience d’un autre. Je me dis que je ne suis pas seule avec cette souffrance, ce manque ou ce complexe.

Où est passée votre colère ?
Il y a encore des choses qui me mettent hors de moi mais, avec le temps, ma colère s’est heureusement transformée en indulgence, en compréhension. Ça ne veut pas dire que j’excuse les comportements, mais je sens de plus en plus que chacun fait comme il peut et que souvent les attitudes des uns et des autres sont dues davantage à leurs fragilités et leurs peurs qu’à une véritable volonté de nuire. Je ne crois pas vraiment en la méchanceté innée.

Avez-vous souffert de l’image de donneuse de leçons qu’on vous a attribuée il y a quelques années ?
Je pense que c’était justifié. A un moment, quand sur chaque plateau télé on me parlait des intermittents, j’ai senti que c’était pour les mauvaises raisons. Ça m’a fatiguée et donné envie de moins m’exposer. Notamment parce que je me suis rendu compte de l’inefficacité de ces prises de position publiques. Là, j’ai dit non à tout, et je continue.

Désormais, vous refusez de vous engager publiquement ?
Je ne refuse pas de m’engager, je suis marraine du Secours populaire et de l’association Enfance et Partage… Dans ma vie, je reste citoyenne avant tout, donc s’il y a des causes que je peux aider, c’est très bien. En revanche, il me semble que ça n’apporte rien à la démocratie que des gens très privilégiés soutiennent un candidat politique.

Que vous inspire la pipolisation du monde politique ?
On ne peut plus parler d’un homme politique sans parler de sa vie privée, de sa femme, de ses choix sexuels. C’est une régression totale. Moi, je n’ai pas envie de savoir ! D’autant que ça ne veut pas dire qu’il sera un bon ou un mauvais président.

Vous n’êtes pas remontée sur scène depuis “Un air de famille” en 1994. Ça ne vous démange pas ?
Oui et non, parce qu’en musique je remonte sur scène ô combien ! Je prépare d’ailleurs un troisième album axé sur la Méditerranée avec le Quintet , qui est ma troupe de musiciens d’Amérique du Sud… Mais je dois revenir
au théâtre à l’automne 2014 dans une pièce de Léonore Confino qui s’appelle “Transit(s). Histoire d’une famille bourgeoise en zone pavillonnaire”. Il s’agit encore d’un rôle de mère et d’un très beau texte, drôle, dur, bouleversant. C’est pour toutes ces raisons que j’ai attendu vingt ans.Point final

 

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