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1 septembre 2012

Joël Dupuch, le bonheur au grand galop

 

 

PARIS MATCH

 

Joël Dupuch, le bonheur au grand galop

« Hollywood », comme l’appellent désormais les gens du bassin, avec Ursulo, sur la plage du Truc Vert, au Cap-Ferret. | Photo Bernard Wis

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Paru dans Match

Après « les petits mouchoirs », l’ostréiculteur le plus célèbre de France poursuit son chemin avec un livre et un nouveau film.

«Je peux tout offrir à quelqu’un pour autant qu’il soit curieux et généreux. » En bon Gascon, Joël Dupuch, 56 ans, issu d’une famille d’ostréiculteurs à Lège-Cap-Ferret depuis six générations, aime le verbe et le panache à la Cyrano. Un talent qui a fait mouche auprès de Guillaume Canet. En 2009, le réalisateur lui confie un rôle dans « Les ­petits mouchoirs ». Cinq millions et demi d’entrées et une marionnette aux « Guignols » plus tard, Joël Dupuch vient d’écrire « Sur la vague du bonheur ». « Pour moi, dit-il, vivre heureux est un engagement, cela se travaille. » Son livre est une ode aux petits bonheurs qui font les grands, plus proche de « La première gorgée de bière », de Philippe Delerm, que des méthodes de développement personnel qui encom­brent les rayons des ­librairies.

A l’heure du déjeuner, pieds nus sur la terrasse de sa cabane, ­devant l’océan qui berce les pinasses, le travailleur de la mer, en ­vareuse de coton et short ­informe, se fait pédagogue : « Ne pas manger le muscle de l’huître, c’est se priver de l’équivalent d’une coquille Saint-Jacques. » Avec la pointe de son couteau, il montre le geste, juste afin de déguster à 100 % les Perles de l’impératrice, sa production, ses bébés. « Quand l’éditeur m’a proposé un bouquin, mon premier mouvement a été de dire non ! Ouvrir sa gueule juste parce qu’on vous a vu dans un film, c’était pas moi. Et puis j’ai pensé à ma fille… » Jeanne, 6 ans, tout en boucles blondes, son dernier enfant – il a deux fils, Julien, 28 ans, et Jérémy, 30 ans, d’un précédent mariage –, joue à deux pas sur la plage. « Mon éducation, mon parcours m’ont donné des clés ­essentielles que je veux lui transmettre. » L’essence du message : « Le bonheur est dans l’échange, la ­découverte de l’autre. Il est la seule chose que l’on puisse donner sans l’avoir, et c’est en le donnant qu’on l’acquiert. »

Où le petit Joël a-t-il puisé tant de ­sagesse ? « Mon enfance a été une initiation continuelle. Jean, mon père, était ­extraordinaire. C’était mon maître, mon héros. Dans toute ma vie, je ne l’ai jamais vu se compromettre. » Chez les Dupuch, on se shoote à la grandeur ; et si l’on tombe, on se ­relève. « En ­regardant ma mère, Ginette, affronter les coups durs auxquels tous les ostréiculteurs du bassin ont dû faire face, j’ai appris à avoir confiance en l’avenir. » Pourtant, dans l’histoire ostréicole, les bérézinas se sont succédé : virus, pollution, dépôts de bilan, et l’on en passe. Au sortir de l’adolescence, son enfance passée au paradis lui a donné la force de partir. Il fallait un prétexte ; une dispute avec son père a fait l’affaire, et le petit Joël a pris son envol comme une bernache. « Mon existence est faite de rencontres d’où naissent des oppor­tunités que je ne refuse ­jamais ! J’ai donc vécu une vie incroyable, je suis un collectionneur d’identités. »

Depuis sa rencontre avec Guillaume Canet, les deux hommes font l'amitié et des films

A 28 ans, l’ostréiculteur devient Joël D., patron d’un bar à huîtres à la mode puis d’une brasserie. Un jour, il lâche argent et renommée pour suivre une femme en Martinique. De retour en France, parce qu’il parle « haut et fort », il se retrouve syndicaliste à la section régionale conchylicole. Elu ­vice-président de la chambre de commerce de Bordeaux, il endosse même le costume et la cravate « parce que, dit-il, quand tu joues dans une équipe, tu en portes le maillot ». Enfin, il devient Jean-Louis des « Petits mouchoirs ». Philippe Starck, le designer, lui a présenté Guillaume Canet, il y a quelques années. Une boutade, un tour sur « Max », le bateau de Joël, et, depuis, les deux hommes font l’amitié et des films. Pour un marin, voir un réalisateur sur un tournage, cela fait sens. Dans ce domaine, le calme, la créativité et la maîtrise de Guillaume l’ont emballé. Chaque jour, avant de se rendre sur le plateau des « Petits mouchoirs », Joël Dupuch allait sur ses parcs à huîtres. « Mon ­métier me fait vivre, mais il me mène la vie dure. »

Appréhendait-il de se retrouver avec une bande de comédiens ­confirmés ? « Non ! Je ne connais pas la peur. C’est constitutif chez moi, aucun mérite. Tout le monde a été gentil, patient, cela s’est merveilleusement passé. » Pour sa grande scène, où il devait verser quelques larmes, il reconnaît avoir eu un peu de mal à « ­livrer ». « Chez nous, les hommes, ça ne pleure pas. Pourtant, je suis sensible. » « ­Surtout, ajoute-t-il, à la musique et à la lecture. » Victor Hugo, Brassens, ­Mauriac, ­Sinatra, Jean ­d’Ormesson, Nina ­Simone se partagent son cœur à égalité avec une tendresse toute particulière pour le jazz New Orleans. « Une musique de copains. Quand on fait le bœuf, on ne décolle plus jusqu’à pas d’heure. » Du bon comme du mauvais, il fait son miel. Sa vie, loin d’être un fleuve tranquille, est une tempête de hauts et de bas sur fond de carte postale. Un cadre unique où le vent et le sel ont sculpté sa silhouette musculeuse comme un Rodin, et forgé son caractère dans le bronze. Car l’homme qui brandit le bonheur comme un trophée vit dans une baraque de pêcheur dont le statut est sous un régime d’autorisation temporaire depuis plus d’un siècle. Sur un accès de mauvaise humeur, un ­préfet pourrait changer la règle et le jeter ­dehors. Le secteur ostréicole, son gagne-pain, est plus que tout autre soumis aux caprices de la nature : absence de ­reproduction, mort des naissains, ­algues toxiques, marées noires, etc. Il est précaire et heureux. Et alors ?

Si son désintéressement pathologique l’effraie parfois, il se console en se disant que les choses vous possèdent plus que le contraire. Demain, à 6 h 30, comme tous les matins, Joël Dupuch commencera sa journée à La Taverne, rebaptisée « La Tataverne » par l’ostréiculteur avec la bénédiction des trois homo­sexuels qui en sont les propriétaires. Dans ce QG ­cap-ferrien, celui que l’on n’appelle plus que « ­Hollywood », depuis son succès au cinéma, se plongera dans la lecture de « Sud-Ouest Arcachon » en trempant sa chocolatine dans son café noir. Lieu béni où l’on respecte encore la ­souveraineté des gens heureux.Point final

 

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