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17 janvier 2013

Django Unchained : Tarantino en mode mineur pour un western mal bricolé (critique)

PURE CINE

 

 

Après avoir tué Hitler dans Inglourious Basterds, Quentin Tarantino fantasme un esclave rebelle et héroïque dans l'Amérique du XIXme siècle. Le western sanglant Django Unchained ravira les fans et confirmera aux autres que le cinéaste s'essouffle.

Foxx Dicaprio Tarantino Django
Foxx Dicaprio Tarantino Django© TWC

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L'Histoire de l'Homme moderne par Tarantino, deuxième partie. Ayant épuisé toutes ses cartouches de relectures branchées du cinéma d'ailleurs, vidé ses compteurs de blaxploitation, séries B et autres films Z, affirmé n'avoir plus que deux ou trois films avant de parfaire une carrière voulue d'une perfection absolue, le saltimbanque hollywoodien a embrassé un autre type de recyclage doré - celui qui tord la réalité pour s'adapter aux dimensions du cinéma hollywoodien et son ego.

Cinq ans après avoir fantasmé la fin enflammée de Hitler dans le cinéma des Inglourious Basterds pour un spectacle cocasse mais un brin embarrassant, Tarantino revisite l'histoire américaine avec la même soif de justice mégalo dans le néo-western Django Unchained. Place donc à Jamie Foxx en esclave rebelle héroïque, Christoph Waltz en chasseur de primes intellectuel, Leonardo DiCaprio en blanc-bec capricieux, Kerry Washington en princesse à délivrer et Samuel L. Jackson en esclave passé du côté obscur de la force, embarqués dans un film 80% Tarantino - poseur, drôle, bavard, sanglant, sans pitié, mais plus sobre, bordélique et brouillon que la moyenne.

Kill Candie

Le nouvel opus de Tarantino se déroule dans l'Amérique de 1858, deux ans avant la Guerre de Sécession. Le chasseur de primes Schultz (Waltz) débusque un esclave du nom de Django (Foxx) pour l'aider à identifier des fugitifs disparus dans la nature. Plus noble et moins décérébré que la masse des rednecks, Schultz se prend d'affection pour l'esclave, habité par une force, une fierté et une détermination incroyables. Il décide alors de l'aider à élaborer un plan pour retrouver sa femme Broomhilda (Washington) achetée par le terrible Calvin Candie (DiCaprio).

À première vue, Django Unchained est le film de la maturité pour Tarantino, éternel ado cinéphile et cinéaste qui empile les références, multiplie les tics visuels, sonores et narratifs, cumule les séquences cultes car cools car conçues pour. Plus lourde de sens, moins branchée, cette odyssée barbare dans une Amérique moyenâgeuse manifeste un vrai désir de ne pas répondre à la demande de ses fans, hystériques face à chacune de ses ficelles - narration décalée, gros plans old school, séquences musicales. Western ultra-violent aux allures de conte de fées désaxé, le film résonne comme le premier aveu de Tarantino des limites de son cinéma ultra-codé, administré par son obsession chronique et nombriliste du plaisir et du clin d'oeil - le "Je crois que c'est mon chef d'oeuvre" à la fin d'Inglorious Basterds. Le revers de la médaille, c'est l'évidence d'une histoire mal foutue, mal racontée, démunie de vrai climax et incapable de supporter son propre poids.

Tarantino chained

La polémique amorcée par Spike Lee, devenu le fer de lance des détracteurs de Tarantino, n'a pas de valeur dans ce film précis, mais le réalisateur superstar semble bel et bien camoufler tout discours sur l'esclavage par de l'esbroufe proche de la bouffonnerie - la scène du Ku Klux Klan avec Seth Rogen ou encore son apparition finale en cow-boy australien débile, des sketchs accessoires et sans conséquences basés sur la référence. En contrepartie, la revanche de Django, résumée à un choix de costume burlesque, une apparition ridicule de sa belle dans un lac ou un champ, quelques tirs et répliques bien senties, n'est pas exploitée dans sa profondeur symbolique. Au lieu de tirer le fil d'un héros qui pense moins à sauver ses pairs que sa dulcinée, observant froidement ses congénères du haut de son cheval, Tarantino étire à l'extrême le chemin insolite qui amène le duo dans l'antre de Candieland - un parti pris théoriquement astucieux qui retarde l'apparition de DiCaprio, mais qui passe mal à l'écran. Pire : au lieu d'utiliser la meilleure scène du film, qui empile les cadavres avec une démesure carnassière, comme climax, il s'accroche à une succession de scènes bien moins fortes et nécessaires qui plombent la dernière partie.

Bloqué entre la performance irrésistible de Christoph Waltz, qui enfile un nouveau costume tarantinesque après son Oscar et vampirise sans mal la première heure, un DiCaprio bien loin du monstre espéré et un Samuel L. Jackson impayable en vieux salopard, Jamie Foxx peine à incarner ce héros sans foi ni loi, la faute à une interprétation trop sobre pour exister dans cet univers de brutes hauts en couleurs. Comme dans Inglourious Basterds où Mélanie Laurent était trucidée en l'espace d'une seconde, Tarantino ne se ménage pas avec la disparition glaciale d'un personnage central, mais rien n'y fait : le vrai coeur n'y est pas.

 

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