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23 février 2013

Jean Dujardin: «Rochant a filmé le désir, pas le sexe»

LE FIGARO

 

 

 

Jean Dujardin est à l'affiche de <i>Möbius</i>, en salles le 27 février. Jean Dujardin est à l'affiche de Möbius, en salles le 27 février.Crédits photo : Abaca;Abaca/Bernard-Salinier/ABACA

 

INTERVIEW - L'acteur oscarisé il y a un an revient dans Möbius, un excellent film d'espionnage, aux côtés de Cécile de France et de Tim Roth.

 

Depuis les Oscars, en février dernier, Jean Dujardin s'est fait rare dans les médias ou sur les plateaux télé. Probablement pour récupérer de l'immense fatigue de son marathon américain qui l'a conduit à Los Angeles le soir des Oscars à brandir sa statuette en criant:«Ouah putain, génial, merci!» C'est avec une barbe poivre et sel qu'il revient au cinéma dans l'excellent film d'espionnage Möbius , d'Éric Rochant. Il campe un espion russe qui a pour mission de faire tomber un oligarque russe réfugié à Monaco (Tim Roth) en recrutant une surdouée de la finance incarnée par Cécile de France.

LE FIGARO. - D'OSS 117 au rôle d'officier du FSB (l'ex-KGB) dans Möbius, ne trouvez-vous pas que l'espionnage vous colle à la peau?

Jean DUJARDIN. - Est-ce que je suis condamné à faire l'espion? C'est ça votre question? (Rires.) Non, je ne crois pas. Avant tout, le personnage de Moïse m'a séduit parce que, justement, il ne s'agit pas totalement de faire l'espion dans le film de Rochant. Je ne prends pas la pose comme j'ai pu le faire jusqu'à la caricature avec OSS 117 . Je trouve plutôt des résonnances avec le personnage que je jouais dans le film de Nicole Garcia Un balcon sur la mer . Moïse est comme Marc, un type en attente. Cela fait vingt-cinq ans qu'il œuvre dans l'ombre pour son mentor, Vladimir Menchov. Il s'est un peu oublié dans le travail. Il s'est blindé le cœur. Là, il va volontairement «renifler son Boris», c'est à dire entrer en contact avec l'agent qu'il recrute, chose totalement interdite dans le métier. Il y a quelque chose de suicidaire dans son attitude. Comme s'il avait presque envie de se faire prendre...

Qui est Grégory Lioubov, alias Moïse?

C'est un personnage plutôt irascible, un meneur d'hommes. Espion exigeant, il a du caractère et il est un peu soupe au lait... comme l'est lui-même Éric Rochant! (Rires). Je n'ai pas particulièrement cherché à composer mon rôle. Je l'avais sous les yeux. La barbe poivre et sel, c'est Rochant qui l'a décidée. Il m'a laissé en gris sans vouloir de teinture. Il m'a voulu au naturel. J'ai juste fait un peu de musculation avant le tournage, histoire de me remettre en forme...

Cécile de France et Jean Dujardin à l'avant-première de Möbius . Cécile de France et Jean Dujardin à l'avant-première de Möbius.Crédits photo : Abaca/Domine Jerome/ABACA

 

Le film surprend surtout grâce au couple que vous formez avec Cécile de France...

Il y a une gémellité entre Cécile et moi. Une sorte de fraternité dans la manière d'envisager le métier. Je le pressentais. J'en ai eu la confirmation. Cécile, comme moi, a une façon très ludique d'aborder son travail. Et en même temps, c'est une bosseuse. Elle a un côté «bon petit soldat», comme j'appelle ça. Sur le plateau, nous nous sommes parfaitement bien entendus.

Les séquences d'amour sont particulièrement éloquentes...

Éric Rochant n'a pas cherché à filmer des scènes de sexe. Ce qui l'intéressait, c'était de filmer le plaisir, le désir. On est plus du côté de L'Affaire Thomas Crown, avec Steve McQueen et Faye Denaway. En réalité, l'espionnage est un écrin, une trame narrative qui puisse servir de toile de fond à l'histoire d'amour. Il fallait que tout sonne juste dans les moindres détails pour laisser passer le reste, c'est-à-dire les sentiments. Il fallait tous ces ingrédients-là pour que l'on puisse mieux sentir ce goût de sucre dans ce plat relevé. J'ai accepté le rôle pour ses contraintes. Rochant nous a saisis dans un espace assez fermé. Je commence à connaître mon outil, mon visage, je l'ai ajusté à ce que Rochant me demandait. Comme un entomologiste, il est allé filmer des petites choses. Il a filmé en macro, comme pour les insectes. Il cherchait à capter l'aspect duveteux de la peau de Cécile, les moindres mouvements de regard. Il est allé très loin dans le réalisme. Ce qui nous a forcés à nous abandonner à moins de pudeur.

Comment vous en êtes-vous sorti avec vos dialogues en russe?

Le russe est une langue assez voisine du français. Une langue assez racée. Avec ma répétitrice, j'ai travaillé comme un bon élève. C'est marrant comme on doit payer durant sa vie entière le fait d'avoir été un mauvais élève à l'école! Si ça se trouve, bientôt on va me proposer de faire un film en latin! (Rires.)

Finalement comment avez-vous vécu l'après-Oscar?

Sur le moment, j'étais littéralement «shooté». Il est clair qu'en France, dès qu'on en fait un peu trop, on est accusé de faire de l'abattage. Aux États-Unis, ça a été le contraire. Avec mon anglais de classe de cinquième, mon visage assez expressif, je me souviens que durant les deux derniers mois, je me suis lâché! J'ai joué les baltringues. Et finalement, c'est ce qu'ils aiment. Je leur conviens assez bien, aux Américains. Ils n'ont pas l'hypocrisie des Européens à ce sujet. Ils sont plus solaires. Mais je me souviens qu'après la cérémonie mon corps m'a dit «Stop!». J'ai eu un grand besoin de solitude. Je me suis replié à la montagne en famille durant trois semaines. J'ai fait des balades. Je me suis allongé dans l'herbe. J'ai même dû parler à des arbres! Je n'ai même pas vraiment apprécié le succès des Infidèles . J'ai un peu le plaisir triste, moi. Et puis, tout de suite après, j'ai enchaîné avec le film d'Éric Rochant puis celui de Scorsese.

Quels souvenirs gardez-vous du tournage avec Martin Scorsese et Leonardo DiCaprio?

Martin Scorsese adore qu'on se lâche durant les prises, et qu'on lui fasse des propositions d'interprétation surprenantes. Sur le tournage de The Wolf of Wall Street , avec DiCaprio, on a donc beaucoup improvisé. Pour moi, le tournage s'est déroulé en Suisse. Le film raconte la grandeur et la décadence d'un trader dans les années 1990: dope, sexe, fric et rock'n'roll. DiCaprio s'est donné à fond. Il m'a avoué qu'après toutes les propositions folles et excessives qu'il avait faites pour son rôle dans le film, il serait certainement «grillé dans le métier à tout jamais»!

Et en ce qui concerne le film de George Clooney Monuments Men...

Le tournage commence à la fin du mois. Je joue un peu le Français de service qui a rejoint Londres et qui se retrouve embringué dans l'aventure un mois après le D-Day. Le «Frenchy» sympa, avec mon anglais de cinquième, ça promet! J'ai reçu le scénario hier soir, avec un mot de George Clooney qui me disait: «Ne lis que tes phrases!» Entre Clooney et moi, contrairement à ce qu'on aurait pu croire, notamment à cause des Oscars, l'entente est vraiment cordiale. Nous avons un peu le même humour au second degré. Comme une sorte de variateur commun que nous réglons afin d'éviter d'être trop dans l'affect. Cela nous permet de nous en sortir par des pirouettes. Aux Oscars, même s'il rêvait d'obtenir sa récompense pour The Descendants , il a parfaitement compris que le film The Artist était plus fort que tout, et qu'il m'emmenait avec lui dans ses bagages. Sur le tapis rouge, il m'a pris dans les bras et m'a dit: «Good luck!» Ce type a une classe folle. Et maintenant je vais être dirigé par lui. En fait, j'ai déjà hâte d'y être.

LIRE AUSSI:

» VIDÉO - Möbius ,un tournage mouvementé

» EN IMAGES - Jean Dujardin, espion russe dans Möbius

» Éric Rochant, un tournage en direct sur Twitter

» Jean Dujardin résistant pour George Clooney

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Par            Olivier Delcroix

 

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