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26 février 2013

Emmanuelle Riva : « Ce rôle, je ne l'attendais plus; il aurait fallu que je sois folle pour passer à côté. »

Ciné Obs

 

 

Emmanuelle Riva : « Ce rôle, je ne l'attendais plus; il aurait fallu que je sois folle pour passer à côté. »

Alain RiouPar           24 février 2013       

Emmanuelle Riva recevant son César de la meilleure actrice. En attendant l'Ocsar ? © Sipa

            Mots-clés : Hiroshima mon amour, Thérèse Desqueyroux, Léon Morin, prêtre

Césarisée samedi la grande actrice d' « Amour » revient des Oscars les mains vides. Mais quelle actrice.

Une petite paysanne de Lorraine, promise à un destin provincial, entend soudain en elle une voix puissante qui lui ordonne de tout quitter pour entrer dans l'histoire. Du moins dans les histoires. Il est étonnant que le cinéma n'ait jamais proposé à Emmanuelle Riva de jouer Jeanne d'Arc, elle qui est née à deux pas de Domrémy et possède toute l'intensité du personnage. Mais sans doute aurait-elle refusé. Elle a beaucoup donné, mais encore plus refusé par le passé, et de plus déteste les remakes. C'est à se demander, en fait, si le scénario de sa vie n'a pas été conçu par le destin pour la conduire jusqu'à une acceptation magnifique, celle du rôle d'Anne dans « Amour », le film de Michael Haneke qui semble devoir truster toutes les récompenses de l'année. « Ce rôle, je ne l'attendais plus, dit-elle, et il aurait fallu que je sois folle pour passer à côté. » Le plus miraculeux est que Haneke n'avait pas d'emblée pensé à elle. Il n'avait pas d'actrice en tête. Pour le convaincre, elle a passé une audition, ce qui ne lui était presque jamais arrivé.

Avant « Amour », Emmanuelle accusait son âge. Le triomphe du film l'incite à l'absoudre. Seules, peut-être, les harassantes journées de promotion - à Cannes avant la palme d'or, lors de la sortie du film et puis aujourd'hui - lui font sentir le poids d'une vie. Elle ne s'est pas rendue à Londres pour recevoir le Bafta de la meilleure actrice de l'année, réservant ses forces pour les Césars et les Oscars, qui l'ont conviée. Le soir venu, un ballon de bordeaux la requinque. Et surtout le bonheur d'un film qu'elle a vu et revu (ce qui n'est pas toujours le cas pour ceux qu'elle tourne), avec le sentiment que la grâce de ce face-à-face avec la mort fait sortir les spectateurs des cinémas plus forts qu'ils n'y étaient entrés.

Elle aura 86 ans la semaine prochaine et c'est à 6 ans, raconte-t-elle, qu'elle entendit cette voix qui lui intimait l'ordre de devenir comédienne. Son père, ouvrier, la voyait couturière. Pour cet homme tendre, venu de Lombardie, travaillant de ses mains, le métier d'actrice ne pouvait être qu'un chemin vers la perdition. De ce jour, l'amour qu'elle porte à ses parents et l'absolu de sa vocation sont entrés en guerre. Changer sans cesse de vie, échapper au réel lui est indispensable. Elle n'assouvit ce taraudant besoin de métamorphoses qu'une fois par an, à Remiremont, lors des spectacles de Noël. Le temps passe sans toucher au veto familial. Et puis, un jour, elle annonce qu'elle veut tenter le concours du Centre dramatique de la rue Blanche, à Paris, et son père comprend qu'on ne peut rien contre tant de volonté. Elle présente « On ne badine pas avec l'amour », et le temps de l'audition, cesse d'être Emmanuelle pour devenir Camille. Jean Meyer, gloire du théâtre, et tout le jury sont soufflés. Mais la fracassante petite nouvelle est déjà trop âgée pour le Conservatoire, et Meyer ne peut que la recommander à ses confrères. De sorte qu'elle ne fit jamais ses classes.

Deux ans plus tard, elle n'a cessé de jouer, alignant les pièces, quand, sortant de scène un soir au Théâtre de l'OEuvre, elle trouve dans sa loge un immense jeune homme déjà grisonnant, tout fiévreux, qui l'entretient d'un projet inouï. Emmanuelle adore être surprise. « L'inattendu, c'est la vie même, dit-elle. Etre étonnée, c'est être vivante, être heureuse. » Elle le sera. Le grand jeune homme, nommé Alain Resnais, l'entraîne chez lui, rue des Plantes, l'installe sur une chaise, attrape une caméra dans une main, un petit livre dans l'autre, et la filme tout en lui donnant une laborieuse réplique dans la pièce de Shaw qui l'a vue débuter. Puis il court montrer le film à Marguerite Duras, qui s'enchante d'entendre une voix si bien taillée pour sa musique. « Hiroshima mon amour », quintessence de premier film (débuts de Resnais dans la fiction, de Duras dans le scénario et de Riva dans un grand rôle de cinéma), sera un triomphe mondial.

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