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28 mars 2013

« Le premier homme » : Albert Camus, sa mère et l’Algérie

Les Echos

 

 

Par  Annie Coppermann 27/03/2013 | 16:12    | Lu 0 fois

 

 

Le manuscrit du « Premier homme » a été retrouvé dans la sacoche d’Albert Camus lorsqu’il est mort, le 4 janvier 1960, dans un accident de voiture. Inachevé, ce texte finalement publié en 1994 est présenté comme un « roman ». Mais il est clair qu’en racontant l’enfance d’un certain petit Jacques Cormery, c’est bien la sienne que l’écrivain racontait. Celle d’un petit Français pauvre, né à Belcourt, quartier populaire d’Alger d’un père mort au front au début de la première guerre mondiale, grandi entre deux femmes fortes, sa grand-mère et sa mère, toutes deux illettrées, et à jamais redevable de l’instituteur qui, très tôt, avait décelé ses dons et insisté pour qu’il poursuive, au lycée, des études qu’une bourse pouvait permettre malgré l’extrême dénuement de la famille. A la fois sobre et émouvant, ce livre posthume rendait en effet hommage à cette mère- courage taciturne ( notamment parce que presque sourde)  que Camus évoquait lors de la remise de son prix Nobel, en 1957, en proclamant » « je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice ». Et éclairait l’éternelle reconnaissance du « petit enfant pauvre » qu’il était pour l’instituteur qui, en 1924, lui avait permis d’entrer en sixième au lycée Bugeaud d’Alger, ce « Monsieur Germain » auquel il écrivit, en rentrant de Stockholm, que sans lui, « rien de tout cela ne serait arrivé ».  C’est ce livre qu’adapte ici, en français, le réalisateur italien  Gianni Amelio (auteur notamment de « L’América », « Mon Frère », Lion d’or à Venise en 1998, et « Les clefs de la maison »). Avec, à la fois, une grande fidélité, et une grande liberté.

La fidélité, elle est dans la reconstitution, très classique,  de l’Alger d’avant-guerre, avec ses gamins en culottes courtes qui partaient faire les quatre cents coups sur la plage. Et dans l’évocation de ce petit appartement sombre où veillait une grand-mère autoritaire, qui obligeait l’enfant à des siestes qu’il abhorrait ( « a benidor », exigeait-elle, et il n’était pas question de lui désobéir) et n’hésitait pas à utiliser son martinet quand il rentrait pieds nus, après s’être fait voler ses sandales neuves. Un enfant sage, pourtant, le plus souvent, bon élève dans une école où il s’attirait notamment la haine du petit Arabe qui avait toujours « la tête à l’envers » et le traitait de « chouchou « et de « fillette », et envoyé, avant le lycée, gagner quelques sous auprès de son oncle, dans une imprimerie où la tâche était lourde… Cette enfance de « Petit Chose » fut bien celle d’Albert Camus, et le réalisateur, là, n’invente rien. Il extrapole, en revanche, en consacrant presque la moitié de son film au Camus adulte, celui qui revient, déjà célèbre, rendre visite à sa mère, retrouve ses anciens condisciples, et notamment  celui qui le poursuivait de ses sarcasmes et dont le fils, militant du FLN, est condamné à mort. Dans le livre, l’auteur n’y consacrait que trente pages sur trois cents. Gianni Amelio confesse que ces années 50 sont celles qui « lui tiennent le plus à cœur » parce qu’elles permettent « de rapprocher le récit du présent » et de « situer le film sur cette ligne de crête où se sont tenues la pensée et l’action d’Albert Camus ». Le résultat penche vers une sorte d’hagiographie peut-être un peu trop convenue… que l’auteur de « l’Etranger » n’aurait pas forcément aimée … mais qui apprendra beaucoup de choses aux jeunes générations.

MON AVIS

Avec un Jacques Gamblin impeccable dans la peau de Cormery-Camus, tout comme Denis Podalydès dans le costume de l’instituteur,  la partie autobiographique du roman posthume d’Albert Camus est fidèlement évoquée. Le réalisateur italien, qui dit s’être ici inspiré de sa propre enfance, évite à la fois le mélo et la reconstitution pieuse. En choisissant, ensuite, de s’évader du texte pour évoquer ce qu’était l’Algérie des années 50 les débats sur le colonialisme, la répression des « rebelles », et l’attitude de Camus qui, lui, croyait encore à une Algérie de l’interdépendance, il n’évite pas un didactisme un peu lourd. Mais rend, de façon très vivante, un bel hommage à un écrivain injustement un peu tombé au purgatoire aujourd’hui.

 

 

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