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28 février 2013

D'“Un Monde sans pitié” à “Möbius”, la saga Eric Rochant

TELERAMA

 

 

Retour sur… | Sa carrière est une énigme. Plébiscité et césarisé pour son premier film, avant d'être boudé de longues années. “Möbius” signera-t-il le retour d'Eric Rochant ?

Le 26/02/2013 à 18h37
Laurent Rigoulet

 Eric Rochant sur le tournage de Möbius . © Fabrizio Maltese

Eric Rochant sur le tournage de Möbius. © Fabrizio Maltese

 

Près de vingt-cinq ans après son apparition spectaculaire avec Un Monde sans pitié, est-on vraiment fixé sur le cas Rochant ? Möbius, son nouveau film, est annoncé comme celui du grand retour, mais a-t-il jamais disparu ? Et de quel retour s'agit-il? D'une voix ? D'une figure ? D'un style ? D'une ambition ? En cinq films, cinq saisons, le point sur une carrière en dents de scie...

1989. Un Monde sans pitié

Eric Rochant démarre sur les chapeaux de roue. Il ne voyait pas les choses autrement. Il ne voulait pas attendre, en tout cas. A 28 ans, il se sent prêt. A la sortie de l'IDHEC où il a fait ses classes aux côtés de Pascale Ferran et d'Arnaud Desplechin, il se refuse à devenir assistant-réalisateur et à suivre le parcours très balisé, très hiérarchisé, du cinéma français. Il tourne très vite des courts métrages. Le troisième, Présence féminine, lui vaut un César et un prix au festival du film fantastique d'Avoriaz (!) Le premier long métrage est lancé dans la foulée, avant même que le financement soit bouclé. Arnaud Desplechin l'aide à écrire une histoire parisienne d'amour et de désillusion dans laquelle toute une génération va se reconnaître. Hippolyte Girardot y joue Hippo, personnage qui va lui coller à la peau pendant (trop) longtemps.

A travers lui, Eric Rochant veut brosser le portrait d'une jeunesse en manque de repères, « une jeunesse qui porte le deuil des idéologies fânées ». Le film vise juste. Il reçoit le prix de la critique à Venise, puis le prix Louis-Delluc et le César de la meilleure première œuvre. Le succès public est aussi au rendez-vous. On compare Rochant à Truffaut, Eustache ou Rohmer. Lui parle surtout de Jacques Becker dont il a vu tous les films « parce qu'ils racontent la vie telle qu'elle est ». On veut le désigner, aux côtés de Beauvois et Desplechin, comme meneur d'une nouvelle vague tombée de l'ennui des années 80. Il décline poliment, évite de devenir le porte-parole d'une génération. Difficile : « Le film a sans doute rempli un manque, nous disait-il en 1995. Ça explique son succès. Quand je le revois, je ne perçois que ses défauts »

1994. Les Patriotes

Pour ne pas se laisser enfermer par le succès, Rochant est passé le plus vite possible à autre chose. Aux Yeux du monde, thriller en huis-clos (un autocar) avec Yvan Attal en preneur d'otages, ne rencontre qu'un succès mesuré. Mais le cinéaste a le sentiment d'apprendre et de maîtriser de mieux en mieux la mise en scène. Il est aimanté par le cinéma spectaculaire qui l'a nourri, à l'adolescence, quand il était surtout spectateur de films américains dans une salle de la rive-droite. Il est aussi très attiré par l'ambiance et la complexité des romans d'espionnage. Il rêve d'adapter La Taupe de John Le Carré, ça sera Les Patriotes, plongée dans le milieu très particulier du Mossad, service de renseignements d'Israël. « Bien sûr, il n'était pas question de tourner un James Bond, dit le cinéaste à L'Humanité, mais de décrire les mécanismes de manipulation, de l'
exploitation des taupes...
»

Sélectionné en compétition à Cannes, le film, très ambitieux, est reçu tièdement par la presse qui lui trouve l'air un peu perdu entre film d'auteur et film d'action, même si on reconnaît, ici et là, l'ampleur de la mise en scène et l'ambition dans l'écriture d'un personnage aussi complexe que le jeune agent Ariel (Yvan Attal encore). On fait aussi à Rochant le procès absurde d'être à la fois pro-sionniste et anti-israélien. Les Patriotes ne se remettent jamais vraiment du passage par la broyeuse cannoise et le film fait une carrière modeste. Il sera ensuite souvent réévalué, à l'heure des rediffusions ou sorties DVD, mais Eric Rochant garde un goût amer de l'expérience. Il a l'impression que son film a été mal vu à Cannes (c'est parfois vrai), que la presse l'attendait au tournant. Revenir avec Möbius, sur le terrain de l'espionnage et du film à gros budget, est une manière d'exorciser (ou pas) cet échec.

1997. Vive la Republique.

Pendant dix ans, d'Ana Oz à L'Ecole pour tous, il y a une zone grise, une petite série de films qui ne portent plus la même ambition et ne bénéficient plus des mêmes moyens que les précédents. Sans doute croit-on moins à Rochant. Quant à lui, difficile de dire s'il croit encore à son devenir de cinéaste et s'il sent capable de lui insuffler la même énergie. Il ne renonce pas, en tout cas, à faire entendre sa voix. Et revient, avec Vive la république sur le terrain d'une (semi) jeunesse en mal de politique, qui lui a souri à l'époque d'Un Monde sans pitié. Il retrouve un ton qui n'est pas celui de l'idéologie, mais plutôt celui du questionnement permanent, un peu caustique, un peu naïf, façon « dessine-moi un parti ». Ses personnages cherchent encore une place dans la société, mais ils sont maintenant chômeurs et affichent leur diversité, Roschdy Zem et Gad Elmaleh, rejoignant Hippolyte Girardot à l'affiche. La comédie légère vire à la farce, dans la ligne des comédies anglaises de l'époque. Rochant se veut provocateur et fustige l'absence d'idéal de la gauche en déclarant que le « Front national est le seul parti révolutionnaire français ». Il ne convainc guère. « A l'image de celle du parti (créé par les personnages du film), écrit Télérama, la ligne du film tarde à apparaître. Insolence tiédasse. »

2008 / 2010. Mafiosa

Après L'Ecole pour tous sans retentissement en 2006, c'est à la télévision qu'Eric Rochant refait une apparition. Et retrouve de l'ambition. Il prend la série Mafiosa en cours de route et proclame qu'il veut placer la barre assez haut, critiquant le manque d'exigence des séries françaises et prenant comme modèle Les Sopranos ou The Wire. « Je veux réussir une série française qui me plairait autant qu'une série américaine. » Il s'engage sans compter dans l'écriture et la réécriture, visant à l'ellipse et à l'audace, là « où la télé française explique tout. » Tient-il son pari ? Pas vraiment, si l'on en croit l'avis de Télérama qui préférait le style Mafiosa de l'avant-Rochant : « Le réalisateur canadien Louis Choquette avait installé un univers esthétique et sonore singulier. Rien de tel ici. La lumière a perdu de son éclat, les cadrages de leur originalité et la narration manque cruellement de rythme. » Eric Rochant, en tout cas, retrouve le goût du spectaculaire. Et la confiance des investisseurs.

 

2013. Möbius

Dujardin en agent secret russe. Cécile de France en diablesse de la finance. Une intrigue d'espionnage et de manipulations plus retorse encore que celle des Patriotes. Un budget de quinze millions d'euros. Le pari est énorme. D'autant que Rochant veut pulvériser le genre du film d'espion, pour « miser sur l'émotion ». « Je veux faire pleurer le spectateur »,déclarait-il pendant le tournage. Grosse tension à l'heure du décompte des premières entrées. A suivre.

.

 

 

 

 

 

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